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« Les associations contribuent à produire des biens communs existentiels »

Doit-on financer la vie associative ? La question se pose quand on sait que la part des subventions dans le financement des associations a baissé de 41 % entre 2005 et 2017, selon le Conseil économique, social et environnemental (CESE), et continue de se réduire. Certains estimant même qu’il faudrait les supprimer au profit des recettes marchandes et autres cotisations. C’est un bien mauvais calcul, non seulement pour les associations sursollicitées et déjà à la peine, mais aussi pour l’économie dans son ensemble. Pour au moins trois raisons.
Premièrement, le temps de travail ne pèse plus que 9 % dans le cycle de vie d’un salarié (soit 1 600 heures x 40 ans = 64 000 heures, à rapporter à une espérance de vie de 83 ans, soit 8 766 heures x 83 = 727 578 heures) à plein temps, jamais absent ou en formation durant sa carrière. Ce temps libéré du travail a intensifié les relations dans la société en multipliant les échanges de services.
Autrement dit, une part des ressources économiques des ménages se produit hors travail. Par toutes sortes de contributions, démultipliées par les réseaux, lesquelles ajoutées à l’économie sociale et solidaire et à l’économie domestique dépassent sensiblement le produit intérieur brut (PIB).
Mieux, les compétences, les connaissances et les expériences qui en dérivent sont souvent réinvesties dans la vie professionnelle. A telle enseigne que l’entreprise s’intéresse désormais plus au résultat attendu du salarié qu’au processus de travail lui-même. Nombre d’entreprises ont ainsi réduit leurs coûts, limité la place des bureaux, réduit les frais généraux, désynchronisé et augmenté la flexibilité du travail, notamment avec le télétravail. Plus le hors-travail augmente, s’organise et se complexifie avec le numérique, plus l’entreprise s’appuie sur ce capital social pour sa propre performance.
Ensuite, dans cette transformation des temps de la vie, les associations déclarées jouent un rôle décisif dans la complémentarité avec les entreprises. L’engagement suivi et régulier des salariés dans l’une des 1,3 million d’associations, selon l’Insee, est non seulement particulièrement apprécié des entreprises, mais sert de plus en plus à leur image de marque.
Aujourd’hui, presque toutes les enseignes de la grande distribution se disent « engagées » pour une raison ou pour une autre. De même, la rubrique « responsabilités associatives et civiques », annexe des CV, est désormais bien mise en évidence. A juste titre, car elle fait souvent la différence dans le recrutement face à des candidats plus diplômés mais n’ayant pas cette expérience. Responsabilités associatives très prisées dans le privé parce qu’elles développent ces fameuses compétences comportementales si utiles dans la plupart des métiers (leadership, initiative, créativité, sens du collectif, etc.), qui s’apprennent dans ces collectifs mais ne s’enseignent pas.
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